Page 14 - Architectures vivre-Novembre
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ACTUS | ARCHI
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JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE | PARIS (4 )
Tadao Ando,
le béton et la lumière
texte elisabeth károlyi
l n’a aucun diplôme. Il s’est formé gramme alors très déprécié : « J’ai voulu terrogent : comment est-il possible de
au travail des matériaux auprès des relever le défi selon lequel, même sur une créer un espace pareil en béton ? Uni-
Iartisans du quartier où il a grandi, surface de 70 mètres carrés, on pouvait quement à l’aide de la géométrie, des
à Osaka. Il s’est ensuite initié à l’ar- réaliser une habitation convenable, qui dimensions et des matériaux. » L’autre
chitecture en lisant des livres, et a devait soulever des questions » confie- grande ressource utilisée par l’archi-
commencé à gagner sa vie en tant il à Frédéric Migayrou, commissaire de tecte est la lumière naturelle, avec une
que boxeur. Aujourd’hui l’un des plus l’exposition – un effort qui a porté ses œuvre déterminante en 1989, l’Église
grands architectes de notre époque, le fruits quand on connaît la richesse de de la Lumière à Osaka. « J’ai voulu que
Japonais Tadao Ando, est le sujet d’une l’architecture domestique nippone au- la lumière entrant par la croix soit per-
rétrospective organisée par le Centre jourd’hui. Stylistiquement, Tadao Ando çue de manière différente par chacun »,
Georges-Pompidou. À 17 ans, avec se démarque dès ses débuts du Mou- explique-t-il. Une lumière que l’on re-
l’argent récolté sur les rings, il prend le vement métaboliste en vogue dans trouve conjuguée différemment dans
transsibérien direction l’Europe, ayant l’archipel pour une architecture sobre chacun de ses projets. Il affirmera
notamment pour objectif de rencontrer et épurée. Autre caractéristique de même, à propos de la maison Koshino
Le Corbusier dont l’œuvre le fascine ses habitations : elles sont fermées sur (Ashiya, 1981), avoir fait en sorte que Centre Roberto Garza Sada, Université de Monterrey 2012, © Shigeo Ogawa
– mais celui-ci meurt quelques jours l’extérieur. En découle un fort rapport l’on ait envie de la prendre dans ses
avant son arrivée. C’est à cette période au corps, un corps qui perçoit l’air, les mains. Tadao Ando a reçu le prix Pritz-
qu’il découvre aussi les États-Unis et matériaux, « premier principe d’une ker en 1995 et continue aujourd’hui,
l’Afrique. Ses voyages initiatiques ter- définition de l’espace architectural », à 77 ans, de livrer des réalisations
minés, il retourne au Japon en 1969 analyse Frédéric Migayrou. Son usage dont l’apparente simplicité en fait des
où il fonde son agence. Ses premières du béton lisse est remarquable et sin- œuvres puissantes.
réalisations sont des maisons, un pro- gulier. « Je voudrais que les gens s’in- www.centrepompidou.fr
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