Page 34 - Architectures vivre-Novembre
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DESIGN | RENCONTRE
tion de plans techniques ont été conçus
par des ingénieurs automobile dans
les années 1950, qui n’avaient pas vrai-
ment le souci de la main ni du sensible.
Comment, alors mettre de l’émotion
là-dedans ? C’est tout l’objet de mon tra-
vail. Surtout qu’aujourd’hui, la technologie
avance. Les procédés d’impression en 3D,
par exemple, même s’ils ne me permettent
pas encore de fabriquer des objets fonc-
tionnels ou réellement durables, libèrent
par contre le geste. J’ai aussi eu la chance,
en travaillant un temps dans un labora-
toire de Disney Research, de découvrir un
programme informatique qui fonctionne
comme Photoshop en 3D, permettant aux
dessinateurs de modéliser les personnage
en les façonnant par la couleur. Je me le
suis approprié pour « peindre » de l’objet très branchés et empreints de tradi-
via des programmes informatiques. L’idée tion. Ainsi en rentrant, je suis allée « sur
étant de voir comment ce que je produits le motif » peindre numériquement des
sur ma tablette numérique peut s’inscrire végétaux, un peu à la manière du fau-
dans un héritage culturel. La moquette visme. Trois designs sont ainsi nés de
était donc un sujet particulièrement inté- ce travail de dessin quasi compulsif.
ressant dans ce contexte. Oniyo, inspiré d’oignons séchés dans
des sacs en plastique ; Pulumo, rap-
A.À.V. : Comment cela se traduit-il pelant des plumeaux compactés dans
dans la collection de motifs imaginée un filet aux allures de carrelage ; Foyu-
pour Balsan ? doro, évoquant quant à lui des feuilles
L.G. : Lorsque j’ai commencé à travail- mortes et dorées, soufflées par le trafic
ler sur le projet, je revenais d’une rési- automobile. Les couleurs sont arrivées
dence au Japon, à la villa Kujoyama. J’y après, mais l’idée était de travailler en
avais vu de très beaux endroits, déco- douceur, avec du rose, des tons fanés,
rés avec des fleurs séchées, à la fois et d’autres avec des résurgences très
vives. D’où le « Dried » [séché, ndlr] de
l’exposition. Le « Soft » [doux, ndlr], lui,
suggère la sensation moelleuse de la
moquette. Lorsqu’on la foule, on a tou-
jours l’impression de marcher sur un tas
de quelque chose. Tout repose sur un
jeu entre l’abstraction et la figuration,
les propriétés de la matière et ce qu’elle
évoque à l’usage, une certaine tradition
décorative ré-ancrée dans son époque,
le décalage entre la source du motif et © Tanguy de Montesson / © Kato Hiroschi / © Laureline Galliot
l’outil qui le produit…
www.laurelinegalliot.com
Digital Flowers, www.balsan.com
prototype textile,
coton imprimé, *La moquette Soft sur laquelle sont imprimés les motifs
conception et comporte les caractéristiques suivantes : structure
fabrication Laureline moquette à velours Saxony, 100 % polyamide, poids du
Galliot, 2016. velours : 1 000 g/m 2 , épaisseur : 6,8 mm.
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