Page 37 - Architectures vivre-Novembre
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Le Canapé Erei serait séquencé par des signaux visuels
dans le showroom émis par les objets. Lorsque j’ai dessiné
De Padova, à
Paris. Au mur, un les lampes Nota ou Elementi, c’est éga-
revêtement mural lement cette vision qui a guidé la concep-
en pierre dessiné
par Elisa Ossino tion. De très longs tracés dans l’espace,
pour la marque
Salvatori. avec des formes simples, une sorte de
géométrie simultanément en deux et
trois dimensions. Cette recherche de
la forme pure est récurrente dans mon
travail. Mais je crois que c’est aussi à ce
prix-là que nous pouvons dessiner des
choses qui soient à la fois contempo-
raines et en même temps classiques. Qui
puissent durer dans le temps. L’enjeu est
d’autant plus important lorsque l’on tra-
vaille pour des marques de haute facture !
A.À.V. : Pouvez-vous développer ?
E.O. : Nous vivons dans un monde satu-
et ensuite la surprise procurée par la ré d’objets, de choses, de couleurs. Je
sensation de confort dès lors que l’on n’invente évidemment rien en disant
s’assoit dessus. Ensuite, nous avons mis cela, mais en tant que designer, il me
au point toute une gamme d’éléments semble de fait que mon travail doit aus-
complémentaires – banquette d’angle, si consister à ménager des vides. D’où
assise sans accoudoir, tables basses, probablement ce rapport étroit à la géo-
lit –, un programme, au sens architec- métrie, à la grille, cette recherche de la
tural du terme donc, avec cette idée légèreté, de lumière, qui sont pour moi
que l’utilisateur puisse créer son petit des générateurs essentiels de confort.
paysage intérieur personnalisé, sur une La force ou l’identité forte d’un lieu et
trame donnée par les piétements. le vide ne sont pas antinomiques. Par
contre, il faut porter une attention toute
A.À.V. : C’est l’architecte qui parle ? particulière au détail, à la finition, à la
E.O. : Disons qu’à mon sens, le meuble sensualité d’une matière. Je suis sici-
ou l’objet est indissociable de l’espace, lienne, j’ai grandi au milieu des temples
et vice versa. Cela correspond d’ailleurs gréco-romains et des palazzi magni-
bien à la philosophie de Roberto Gavazzi. fiques ! C’est d’ailleurs pour cela que je
Il y a une forme d’abstraction dans la ma- suis devenue architecte. J’ai donc toute
nière dont j’aborde le projet, et je puise cette tradition bien inscrite dans ma
beaucoup mon inspiration dans l’art, no- mémoire historique, elle fait partie de
tamment chez les surréalistes, comme moi. J’aime les classiques et le contem-
Magritte. Ses tableaux représentent des porain, j’essaie de faire une synthèse
lieux en lévitation, parois improbables. des deux. Les tendances actuelles sont
J’aime l’idée que l’on traverse un endroit une part importante de l’activité du stu-
comme une peinture en volume, et qui dio – nous faisons du stylisme photo, de
la scénographie pour des boutiques –,
© Olivier Helbert / © Tomaso Sartori utiliser tout cela de façon légère. C’est
mais il faut trouver la bonne balance,
la condition pour que ce que l’on des-
sine reste, perdure au delà de la mode,
du moment.
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