Page 13 - La Rumeur 4-1 Jean-Baptiste Michaud
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Volume 4  Numéro 1                                                                          Page 13

                 (Suite de la page 12)                                 Quelle     merveilleuse
                 mobiliser  tout  de  suite  :  le  cheval  se  cabre,   journée  dont  je  me  sou-
                 veut  se  jeter  à  droite  ou  à  gauche  pour  fuir.   viens  encore  comme  si
                 Alors papa et mon oncle descendent de l’auto,      c’était arrivé hier!
                 saisissent  la  bride  du  cheval,  chacun  de  leur
                 côté,  le  tranquillisent  et  le  font  passer  lente-
                 ment  son  chemin.  Puis,  mon  oncle  donne  un              Marie-Rose Lévesque
                 tour  de  manivelle  pendant  que  papa  reprend
                 les  commandes  et  nous  repartons.  La  même     Propos rapportés par
                 scène se répète plusieurs fois. C’est à peine si
                 nous pouvons jouir du paysage de notre beau
                 fleuve. Ici ce sont les poules qui encombrent la                     Gérald Lévesque
                 route et y laissent quelques plumes, là c’est un
                 ponceau de bois pas très sécuritaire qu’il faut
                 aller  vérifier  avant  de  s’y  engager,  et  partout
                 on voit les gens sortir de la maison, laisser leur
                 travail  et  courir  au  chemin  pour  voir  passer
                 cette curieuse machine noire aux cuivres écla-
                 tants.

                    Parfois  aussi  papa  ralentit  le  rythme  de
                 l’automobile; c’est qu’une grosse pierre est là
                 au milieu de la route. Elle
                 ne  dérange  pas  la  circu-
                 lation des voitures à che-
                 val, mais il vaut mieux la
                 contourner  en  passant
                 dans  l’herbe  plutôt  que
                 de    risquer   d’abîmer
                 l’auto. Et je ne parle pas
                 des  côtes que  nous gra-
                 vissons difficilement…
                                                                                     Facture adressée au
                    Enfin nous arrivons à                                            père de Gérald pour
                 destination; il est près de                                         l’achat d’un baril
                 7  heures  du  soir.  Tous                                          d’essence pour sa
                 bien  fatigués,  nous  des-
                 cendons  de  voiture  et                                            nouvelle voiture
                 oublions vite les aléas du
                 voyage  en  retrouvant  la
                 parenté. La surprise et le
                 plaisir  sont  réciproque.
                 Après  le  souper  que
                 tante Marie nous prépare
                 en  vitesse,  les  cousines
                 m’amènent à la grève où
                 l’air de la mer me fait tant
                 de bien que j’en oublie la
                 fatigue. On ramasse  des
                 coquillages    que    les
                 vagues  ont  abandonnés
                 là. Il n’est pas tard ce soir
                 que  le  bruit  des  vagues
                 et  l’air  salin  ont  vite  fait
                 de  me  transporter  au
                 pays des rêves.
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