Page 83 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               dispositif Pinel. il produit donc des effets d’aubaine, au bénéfice
               par  exemple  du  cadre  supérieur  célibataire  à  Paris,  qui  pour-
               rait tout à fait soutenir le taux d’effort correspondant à un loyer
               de marché, mais qui profite de son loyer plafonné. Alors qu’il
               exclut, au bout de la chaîne du logement, ceux qui ont le plus
               de mal à se loger, puisque le plafonnement conduit des pro-
               priétaires à retirer leur bien du marché locatif pour le proposer
               en  location  saisonnière,  via  des  plateformes  internet.  Difficile
               d’imaginer plus contre-productif !

               La relation contractuelle bailleur-locataire : le déséquilibre
               dans la relation contractuelle est un facteur de rigidité du mar-
               ché. Là aussi, il nuit aux plus modestes, en conduisant les pro-
               priétaires-bailleurs à limiter le risque au maximum en durcissant
               leurs exigences. J’ai la conviction que, sur ce sujet comme sur
               beaucoup d’autres, nous ne tenons pas suffisamment compte
               des évolutions de la société : beaucoup de jeunes sont dans une
               logique de mobilité, d’engagements réduits, soit par choix per-
               sonnel, soit sous la contrainte d’une précarisation de l’entrée
               dans le monde du travail. Pourquoi ne pas réfléchir à une for-
               mule de bail « génération Y », consistant, pour les bailleurs, à
               demander des loyers faibles et des garanties (cautions) réduites,
               en échange d’une possibilité de récupérer plus rapidement leur
               logement en cas d’incident (réduction du délai de préavis, accé-
               lération des procédures d’expulsion) ? Dans l’immobilier d’entre-
               prise, le régime du bail commercial, revisité par la loi de 2014
               relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises,
               n’intègre pas la diversité des situations contemporaines. Peut-
               on appliquer le même texte à une entreprise du CAC 40 et à un
               petit commerçant de centre-ville, sans même parler des besoins
               de flexibilité des start-up numériques susceptibles de doubler
               ou de diviser leurs besoins de surface en moins d’un an ? Dans
               l’immobilier résidentiel comme dans l’immobilier d’entreprise, le
               droit des baux est donc à revoir, pour mieux correspondre à la
               réalité d’aujourd’hui.

               La  mobilité :  moins  il  est  coûteux  de  changer  de  logement,
               plus les ménages sont mobiles et plus ils sont « employables ».

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