Page 97 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               rement HLM. Cela signifie qu’ils ne sont pas suffisamment aidés
               pour le faire, à la fois parce que le soutien financier public à la
               construction des logements sociaux n’est pas à la hauteur des
               besoins en zones tendues, et parce que les acteurs publics ne
               leur réservent pas suffisamment de foncier dédié.

               Pour des raisons politiques : une partie des élus voient dans
               cette  approche  une  forme  de  revanche  sociale,  en  vertu  de
               laquelle les locataires HLM doivent pouvoir accéder aux mêmes
               logements que les acquéreurs privés, y compris dans les plus
               hauts  niveaux  de  standing .  Cette  logique  se  prolonge  dans
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               l’idée que les acquéreurs privés peuvent bien payer plus cher
               leurs logements, puisque c’est pour une justice sociale sup-
               posée. Plus généralement, beaucoup d’élus voient dans cette
               mixité à très petite échelle, en diffus, non seulement un moyen
               de satisfaire les objectifs quantitatifs de la loi SrU, en focalisant
               moins l’attention des riverains sur des immeubles HLM bien iden-
               tifiables, mais aussi un facteur de stabilisation, qui permet de ne
               pas concentrer dans des immeubles, et plus généralement dans
               des quartiers, des populations trop fragiles. En vérité, si la mixité
               sociale ainsi entendue permet de réduire le risque de constituer
               de nouveaux ghettos, elle est aussi porteuse de risques élevés
               de  déstabilisation  future  des  copropriétés.  La  véritable  mixité
               sociale s’opère à l’école, dans les commerces, les clubs sportifs,
               les associations etc. : elle est parfaitement compatible avec une
               mixité non pas des immeubles, mais des quartiers.



               c. Une « course au logement social » qui peut déséquilibrer
               les marchés locaux

               La  loi  SrU  a  mis  en  tension  les  communes  et  les  organismes
               HLM, confrontés à la nécessité de construire beaucoup de loge-
               ments sociaux, vite et souvent dans le cadre de programmes
               mixtes social-privé. Pour leur permettre de le faire, le législateur

               1. Jusqu’à l’absurde dans le neuf à Paris : comment choisir le ménage chanceux qui emmé-
               nagera aux batignolles dans les logements neufs les plus chers de Paris, et aura à payer un
               loyer infiniment moins cher que le marché locatif environnant ?
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