Page 76 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               années mais ils me paraissent irréversibles, car dictés par la
               contrainte économique.

               Les promoteurs, et plus généralement les maîtres d’ouvrages
               privés, sont les mieux à même de produire vite, à coûts maî-
               trisés, pour une qualité donnée. Ce n’est pas un hasard si les
               organismes HLM achètent massivement aux promoteurs pour
               développer leur offre : pourquoi chercher une subvention pour
               10 %  du  coût  d’une  opération,  s’il  est  possible  d’économiser
               10 % sur son coût de production ? La maîtrise d’ouvrage HLM,
               globalement  moins  performante  car  plus  contrainte  (loi  MOP,
               marchés publics etc.), risque d’être recentrée sur la réhabilita-
               tion, ou de se consacrer à des opérations ponctuelles. Si des
               logements doivent être construits en zone urbaine, la rationa-
               lité économique comme le bon sens élémentaire plaident pour
               qu’ils le soient par des promoteurs.

               Les organismes HLM, sous l’effet de la contrainte financière et
               de la demande sociale et politique, risquent d’être recentrés, de
               fait, sur ce qui fait leur spécificité, et qui leur confère leur légi-
               timité : la gestion locative tournée vers les ménages modestes
               et très modestes, à commencer par les ménages reconnus prio-
               ritaires au titre du DALO, et l’accession sociale au cœur des
               quartiers en renouvellement urbain. Ces missions exigent une
               compétence spécifique, nourrie d’années d’expérience et d’une
               connaissance approfondie de ces publics, que les acteurs pri-
               vés, objectivement, n’ont pas. Au demeurant, le fait de loger
               ces ménages ne peut s’envisager qu’avec une exigence de ren-
               tabilité plus faible et des horizons de temps plus longs que, là
               non plus, nous n’avons pas. En revanche, nous serions tout à
               fait en mesure, si nous avions accès aux mêmes financements
               que les organismes HLM, de faire du locatif intermédiaire ou de
               l’accession sociale hors du cœur des quartiers ANrU. Sur ce der-
               nier point, en effet, en quoi l’accession dite sociale opérée par
               les  organismes  HLM  se  distingue-t-elle  fondamentalement  de

               d’énergie, charges locatives, petits travaux d’entretien courant. Les dépenses d’investisse-
               ment comprennent les achats de logements neufs (y compris terrains), les travaux de gros
               entretien et les frais liés à ces opérations (source : ministère du Logement).
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