Page 96 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
P. 96

L’iMMObiLiEr  AU CœUr  ......................................................................................................

               tés (cf. supra les chartes), et fréquemment fixés à un niveau tel-
               lement bas qu’ils peuvent même les conduire à vendre à perte.
               Pour pouvoir continuer à faire leur métier, les promoteurs doivent
               donc opérer de la péréquation, entre leurs programmes, les
               programmes entièrement privés dans d’autres communes com-
               pensant les pertes dans les programmes mixtes des communes
               SrU ; voire au sein même de ces programmes mixtes (les prix de
               vente  aux  acquéreurs  privés  subissant  l’effet  inflationniste  qui
               résulte des quotas SrU). C’est ce que les promoteurs appellent
               « l’impôt de pallier », qui conduit les acquéreurs privés à finan-
               cer indirectement la production de logements sociaux en subs-
               titution partielle des autorités publiques, et qui a pour effet de
               tirer les prix vers le haut sur tous les segments de marché hors
               vente aux organismes HLM.

               Des effets sociétaux : quoi qu’en disent les bonnes âmes
               adeptes du « vivre ensemble », beaucoup de Français n’ont pas
               envie de vivre côte à côte, à Neuilly comme à Saint-Denis, pour
               des raisons d’ailleurs parfaitement convergentes : la crainte de
               l’autre, le confort de l’entre-soi et de la communauté. il est sou-
               haitable de combattre cette tendance, mais le choix que nous
               avons fait de la coexistence dans le même immeuble de popu-
               lations, dont les niveaux de vie et les modes de vie peuvent être
               très différents, comporte des risques majeurs de déstabilisation
               des copropriétés et des problèmes aigus de voisinage. Je crains
               que nous soyons en train de disséminer de petites « bombes
               à  retardement »  dans  le  tissu  urbain  des  communes  SrU.  il
               n’y a certes pas de fatalité, et une conjonction heureuse peut
               combiner un organisme HLM perspicace dans le choix de ses
               locataires et efficace dans leur suivi, un syndic compétent et un
               maire attentif. Mais là où ce triptyque n’est pas garanti, le risque
               est élevé.

               Pourquoi en sommes-nous arrivés à cette mixité sociale à
               l’échelle de l’immeuble, porteuse de tant de risques ?
               Pour des raisons économiques : il est objectivement difficile à
               des organismes HLM de concurrencer les promoteurs privés sur
               des terrains en zone tendue pour faire des programmes entiè-

          96
   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101