Page 93 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               esthétique et innovante doit être un sujet de fierté pour les sala-
               riés comme pour les citoyens des métropoles. Ce programme
               « un  immeuble,  une  œuvre »,  c’est  un  moyen  d’instaurer  un
               dialogue différent entre les habitants, de provoquer du respect
               et  un  sentiment  d’appartenance  vis-à-vis  de  l’immeuble  dans
               lequel on investit.
               La volonté de se démarquer, alors que notre offre reste trop
               standardisée, et insuffisamment adaptable à la diversité des pro-
               fils et des besoins des acquéreurs. Je suis souvent surprise – en
               bien – du succès commercial de certains programmes de loge-
               ments ou de bureaux qui reposent sur des choix architecturaux
               décalés,  ambitieux,  étonnants. À  condition  qu’ils  soient  aussi
               synonymes de qualité, ils me rassurent sur la place que l’origi-
               nalité et la créativité pourront occuper dans la ville de demain.
               Pendant trop longtemps, nous promoteurs avons produit des
               immeubles collectifs très ressemblants, qui participaient moins
               d’une esthétique urbaine harmonieuse par son uniformité, que
               d’un  conformisme  architectural  mâtiné  d’industrialisation  de
               la construction et de maîtrise des coûts pour pallier l’inflation
               du foncier. Or si l’ancien a du succès parmi les investisseurs, ce
               n’est pas qu’une question de prix : c’est aussi une question de
               « cachet », de diversité, de typicité régionale etc. Nos anciens
               doivent paradoxalement nous guider dans un retour vers l’ori-
               ginalité. Demain les jeunes d’aujourd’hui ne se satisferont plus
               d’avoir le même logement que leur voisin. Ils voudront se démar-
               quer, être fiers de leur habitat, fût-il temporaire.

               L’aspiration au changement, alors que nos logements sont
               trop rigides et pas assez modulables, en particulier parce que
               nous construisons pour des durées très longues et des usages
               stables et standardisés. Ne faudrait-il pas réfléchir à une forme
               d’obsolescence, acceptée pour une partie du marché, qui per-
               mettrait d’avoir des logements moins chers à l’origine, et dont
               la déconstruction-reconstruction serait plus facile et moins oné-
               reuse que la réhabilitation à terme ? Ou au contraire à des loge-
               ments conçus pour évoluer au gré de la vie ?

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