Page 22 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               trop de Français, le chef d’entreprise ne serait intéressé que par
               le profit – profit perçu comme socialement condamnable en soi.
               Les promoteurs immobiliers l’assument : ils ont la responsabilité,
               comme tout acteur économique, de développer une activité
               rentable. Sans rentabilité, il ne saurait y avoir de redistribution,
               ni d’investissement. Mais ils ne sont pas seulement créateurs
               de valeur économique et d’emploi. Ils sont aussi créateurs de
               valeur sociétale et de valeur « verte », à travers l’influence déci-
               sive qu’ils exercent sur notre cadre de vie.

               J’y  insiste  encore :  une  des  particularités  de  notre  profession
               tient  à  sa  personnalisation.  On  identifie  volontiers  le  promo-
               teur, comme une personne physique à qui revient le succès (ou
               l’échec) d’un programme. Mais on parle très peu des entreprises
               de promotion. Or, si beaucoup d’entre elles ont pour origine
               le succès entrepreneurial d’un visionnaire, toutes sont des per-
               sonnes morales. Dans une France sous tension, la réussite indi-
               viduelle reste impopulaire, et ce discrédit atteint, à rebours de
               tout bon sens, toute notre profession.
               Enfin, nos métiers souffrent d’un mélange de clichés et de faits
               avérés : signes extérieurs de richesse insolents, ou, pire, laxisme
               face aux exigences éthiques, notamment dans les relations avec
               les pouvoirs locaux. Ces impressions négatives viennent du
               fait que notre profession est au croisement de la finance et de
               toutes les formes de pouvoir qui, pendant longtemps, n’ont été
               ni contrôlées, ni inquiétées. Cela n’excuse rien mais il est vrai
               que sur ce dernier point, la critique appartient de plus en plus
               au passé. La conscience sociale évolue, parce que le finance-
               ment de la vie politique est davantage réglementé ou surveillé,
               et parce que la profession est financiarisée d’une façon de moins
               en moins opaque : exigences croissantes de transparence de la
               part des actionnaires pour les sociétés cotées, et des banques
               pour l’ensemble des promoteurs, certains des principaux pro-
               moteurs étant d’ailleurs des filiales de grandes banques. La pro-
               fession n’est certes pas à l’abri de tout risque, mais la FPi est très
               vigilante dans la cooptation de ses membres. Je viens d’ailleurs
               de la doter d’une charte éthique et d’une instance disciplinaire

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