Page 34 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               lective, voire la simple opportunité d’améliorer leur cadre de vie.
               Combien  de  promoteurs,  portant  un  projet  de  requalification
               d’une friche urbaine, se sont heurtés à l’opposition de riverains,
               alors même qu’ils embellissent et valorisent le quartier ? Cette
               méfiance  à  l’égard  du  changement  crée  souvent  des  percep-
               tions erronées et elle sanctionne non seulement les ménages
               qui attendent ces logements, mais aussi toute l’activité écono-
               mique associée (promoteurs, maîtres d’œuvre, et propriétaires
               des terrains désireux de vendre leur bien). C’est toute la société
               qui subit ce refus de voir arriver l’autre, alors qu’on y a été auto-
               risé  soi-même !  Les  Français  ont  certes  raison  d’être  vigilants
               sur leur cadre de vie de proximité, mais ce souci devrait nous
               conduire à mieux les associer à la conception des projets qui
               les concernent, dans le cadre de concertations mieux pensées
               qu’aujourd’hui, et orchestrées autour d’actions pédagogiques et
               collectives.

               Malheureusement, le système institutionnel entretient ce mal-
               thusianisme, au lieu de le combattre. Il encourage une certaine
               forme de rareté (de foncier, de construction, de logement locatif
               etc.) par la fiscalité comme par une réglementation obsédante :
               fiscalisation  des  plus-values  immobilières,  droit  au  maintien
               dans les lieux dans le parc HLM, etc. Cette pression n’est pas
               étrangère au niveau, en France globalement élevé, des prix
               comme des loyers. Cette rareté entretient la spéculation, qui est
               alimentée par le mode de dévolution du foncier par la sphère
               publique, par exemple lorsqu’elle met les terrains aux enchères.
               À mes yeux, on retrouve là le syndrome d’un pays qui ne se vit
               plus comme une nation en croissance, mais qui campe sur des
               positions défensives, par défaut d’ambition et de vision de long
               terme.

               La  méfiance  à  l’égard  du  « vivre  ensemble » :  « mot-valise »
               ressassé à toute occasion, le « vivre ensemble », dans la réalité,
               se heurte à la crainte de l’autre et de l’inconnu, à la tendance
               au repli sur soi, communautaire ou social. Les promoteurs l’ob-
               servent tous les jours : nous vivons dans une société de défiance
               à l’égard de son voisin, de l’autre en général. La mixité sociale,

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