Page 36 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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                 La politique du logement, emblématique des dysfonc-
                          tionnements de la décision publique


               a. Au niveau national : l’État et le législateur

               Le goût des slogans accompagne un déni de la réalité : nos
               gouvernants ont un goût évident pour les slogans porteurs de
               simplification  abusive.  L’exemple  de  « la  France  de  proprié-
               taires » en est une illustration mais il y en aurait d’autres. Le tra-
               vers du slogan est de généraliser une situation qui n’est pas vraie
               partout, ni pour tous, ni à tous les âges de la vie, et son affichage
               peut avoir des effets pervers : en Espagne, par exemple, la forte
               attirance pour la propriété est un frein à la mobilité profession-
               nelle comme à l’intégration et à l’autonomisation des jeunes.

               Le manque de cohérence va de pair avec le goût de la suren-
               chère. La seule chose qui fasse consensus en France en matière
               de logement, c’est le niveau trop élevé des prix et des loyers. En
               conséquence, nous n’avons de cesse de prendre des décisions
               de durcissement des normes et de la fiscalité qui, en vérité, les
               font monter davantage, ce qui conduit, tout aussi naturellement,
               à créer des nouvelles dépenses publiques pour en compenser
               les effets. J’en veux pour preuve l’exemple de la performance
               thermique des logements. Nous avons déjà une réglementation
               (dite rT 2012) qui est probablement la plus exigeante d’Europe,
               et qui nous a imposé des surcoûts de construction de l’ordre de
               15 %. Mais voici que nous n’avons rien eu de plus pressé, une
               fois cette rT 2012 entrée en vigueur, que de nous assigner l’ob-
               jectif d’en faire une autre à l’horizon 2018-2020 ! D’ailleurs, les
               promoteurs voient déjà des élus locaux fixer unilatéralement des
               objectifs plus ambitieux encore que la réglementation en vigueur,
               chacun voulant bâtir à son échelle un petit territoire d’excellence
               environnementale. Tous oublient que ces exigences ont un coût
               et qu’in fine, quelqu’un devra bien le supporter – l’acquéreur par
               une hausse des prix de vente, le contribuable par de nouvelles
               aides fiscales, ou plus précisément les enfants du contribuable
               par le creusement de la dette publique ...

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