Page 35 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               telle  qu’elle  est  réalisée  actuellement,  aboutit  trop  souvent  à
               vivre côte à côte, mais pas ensemble : stratégies d’évitement,
               recours à l’école privée, segmentation des commerces etc. Ce
               « chacun  pour  soi »  explique  les  difficultés  que  rencontrent
               certains élus pour faire construire sur leur commune non seule-
               ment des logements sociaux ou des structures d’hébergement,
               mais même des logements privés. Nous ne savons toujours pas
               comment susciter la construction de logements locatifs sociaux
               sans passer par des quotas, imposés par la loi à des promoteurs
               médusés de devoir subir de telles entraves.

               La défense d’une égalité formelle qui crée des inégalités bien
               réelles :  le  fil  rouge  de  la  politique  du  logement,  c’est  l’éga-
               lité d’accès. Elle justifie de dépenser 18 Md€ par an pour les
               aides à la personne, de continuer à développer un parc HLM
               (qui représente pourtant déjà 4,8 M de logements) ou de multi-
               plier les mécanismes d’aide à l’accession sociale à la propriété.
               Pourtant, dans les faits, c’est une politique qui exclut autant
               qu’elle intègre. Les aides à la personne sont très redistributives,
               mais elles alimentent aussi la hausse des loyers et elles rendent
               plus difficile l’accès au logement pour beaucoup de locataires.
               L’accès au parc HLM devient une rente à vie qui laisse à la porte
               beaucoup de ménages qui en auraient pourtant le plus grand
               besoin. Enfin, certains dispositifs d’aide très efficaces, comme
               le Prêt social location accession (PSLA), restent confidentiels et
               régulés par des systèmes publics d’agréments, de sorte qu’ils
               ne profitent qu’à une minorité de chanceux bien informés, donc
               pas toujours ceux qui en auraient le plus besoin, qui peinent à s’y
               retrouver dans cette complexité bien entretenue. Le véritable fil
               rouge de la politique du logement, et ce qui devrait nous guider
               dans nos choix collectifs en ce domaine, c’est l’égalité réelle
               et non formelle, l’équité entre tous les bénéficiaires. C’est le
               système qui doit s’adapter aux ménages et à leurs besoins. Et
               non l’inverse.







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