Page 40 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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L’iMMObiLiEr  AU CœUr  ......................................................................................................


                 Quelle entreprise privée, quel secteur accepterait ainsi de
                 ne  plus décider  de  son  type  de  produit,  du prix  de son
                 produit, de sa cible et de son mode de distribution ? Dans
                 quel  autre pays  constatons-nous  une  telle ingérence  du
                 public dans le privé ? Au nom de quelle compétence supé-
                 rieure ? Le secteur de l’automobile par exemple a-t-il eu
                 besoin que l’État lui fixe le prix des voitures pour les rendre
                 accessibles ?
                 Dois-je poursuivre en précisant que ces chartes proviennent
                 pour beaucoup d’entre elles de maires de la même mou-
                 vance politique et qui, au nom de leur intérêt pour l’urba-
                 nisme, s’autorisent toutes les intrusions y compris dans la
                 vie privée des personnes et des entreprises ?
                 La responsabilité des élus consiste à mon avis certainement
                 plus à rendre public un diagnostic du peuplement du stock
                 de  logements  sur  la  commune  et  la  description  des  flux
                 attendus, en y présentant les pouvoirs d’achat et une analyse
                 des socio-types – tout ce qui doit normalement étayer un
                 Programme Local de l’Habitat (PLH). beaucoup d’élus sont
                 d’ailleurs d’accord avec moi sur cette perception de leur rôle.



               Pour les promoteurs et pour toute la filière, le risque et l’insécu-
               rité juridiques deviennent plus prégnants que le risque financier
               ou commercial. Plus généralement, le droit est devenu bavard,
               obscur, inintelligible. Trop de lois tue la loi : la loi VEFA tenait en
               3 pages du Journal Officiel du 4 janvier 1967 pour 19 articles ; la
               loi ALUr du 26 mars 2014 tenait en 171 pages pour 177 articles.
               Comparaison  n’est  pas  raison,  et  l’objet  de  la  loi  ALUr  était
               beaucoup plus large que la loi VEFA (ce qui est sans doute un
               aspect du problème), mais cet exemple montre qu’une loi très
               brève et très claire a structuré toutes les ventes sur plan depuis
               cinquante ans sans connaître d’évolutions majeures ; a contra-
               rio, certaines dispositions de la loi ALUr ont déjà été modifiées
               depuis (cf. infra la VEFA inversée). Autre exemple récent : la loi
               dite « Sapin 2 » qui dispose que la publicité pour l’investisse-

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