Page 45 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               et effective de la demande de permis lorsqu’elle peut – enfin
               – être déposée. Ces dérives constituent une illustration supplé-
               mentaire du décalage entre l’objectif national d’accélération des
               projets pour construire davantage, et la lourdeur des pratiques
               locales qui aboutit au résultat inverse.
               « Le fait du prince » municipal : les promoteurs produisent des
               logements et des bureaux sur des terrains rendus préalablement
               constructibles par la collectivité et sollicitent à chaque fois un
               permis de construire pour le projet envisagé. Or tous dénon-
               cent l’insécurité dans laquelle les excès de la décentralisation
               les placent : bien souvent, les projets, qu’ils ont conçus dans le
               respect de la loi et des règles locales d’urbanisme, ne sont plus
               qu’une base de négociation, le point de départ de demandes
               multiples  de  modifications,  jusque  dans  les  moindres  détails,
               qui chacune font perdre du temps et renchérissent le coût des
               projets. Le temps ne coûte ni aux élus, ni à leurs services, ni à
               leurs  architectes  conseils,  mais  à  nos  seules  entreprises  et,  in
               fine, à nos clients – ceux-là mêmes que les élus entendent pro-
               téger !  Pire :  même  lorsque  tout  ce  processus  incroyablement
               complexe aboutit à un projet d’accord, il reste à la merci des
               revirements, des foucades et des manifestations d’humeur des
               riverains, par voie de pétition ou de recours. Le droit du sol est
               ainsi devenu très imprévisible. On peut donner des explications
               mi-sociologiques, mi-politiques à ces dérives. Les promoteurs
               observent que les élus locaux ont de moins en moins de marges
               de manœuvre réglementaires, fiscales, financières. L’urbanisme
               est le dernier thème qui, sans rien leur coûter, est politiquement
               puissant et qui leur permet d’influer sur le quotidien et le cadre
               de vie des Français. il faudra tenir compte de cette évolution :
               moins les élus locaux auront de ressources, plus ils chercheront
               d’autres façons de peser. L’urbanisme (et peut-être lui seul) le
               leur permet.
               Les politiques de peuplement : les promoteurs constatent une
               tendance toujours croissante, chez bien des élus locaux, à mettre
               en œuvre des politiques de peuplement – un choix non seule-
               ment des types de logements, mais aussi de leurs occupants,
               parfois pour de bonnes raisons (réserver des équilibres sociaux

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