Page 44 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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               b. Au niveau local : les travers de la décentralisation

               Le transfert aux maires de l’attribution des permis de construire
               est un des grands marqueurs de la décentralisation. Les élus
               locaux se sont peu à peu emparés des compétences en matière
               d’urbanisme, d’habitat et de logement. Cette évolution est heu-
               reuse et bienvenue : on ne pèse intelligemment et efficacement
               sur le cadre de vie qu’au plus près des besoins. Pour autant,
               cette mutation suppose que les conditions du succès soient
               réunies. Or ce n’est pas suffisamment le cas aujourd’hui, car de
               sérieux handicaps affectent cette « territorialisation de la poli-
               tique du logement ».

               La dispersion des responsabilités. L’expérience le montre :
               lorsque tout le monde s’occupe d’un sujet, personne ne le traite
               correctement.  Or  le  logement  n’échappe  pas  au  millefeuille
               territorial : les communes restent compétentes pour instruire
               et délivrer le permis de construire. Mais les intercommunalités
               s’affirment  à  travers  les  PLH  et  les  PLU  intercommunaux ;  les
               départements s’intéressent au logement à travers l’adaptation
               au vieillissement ou la lutte contre la précarité énergétique ; et
               les régions financent le logement social. il arrive aussi que les
               promoteurs ne sachent plus très bien qui décide quoi au sein
               même  d’une  collectivité,  lorsqu’ils  sont  confrontés  à  des  élus
               peu familiers de l’urbanisme, et à des services instructeurs des
               demandes de permis qui peuvent pécher par excès de zèle.
               Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que la pré-instruction
               des demandes de permis, qui n’est encadrée par aucun délai
               légal, soit devenue si longue, chaotique, imprévisible et coû-
               teuse. Certes, le dialogue préalable avec l’élu est indispensable
               pour  partager  les  objectifs  et  les  contraintes  du  projet :  cette
               phase d’échanges préalables avec les élus et leurs services a
               toujours existé de manière informelle. Cependant, depuis plu-
               sieurs années, les promoteurs constatent que cette pratique,
               jadis  saine  et  constructive,  a  dérivé  dans  certaines  collectivi-
               tés vers un véritable système de candidatures soumises à des
               « jurys »,  en  plusieurs  étapes,  qui  allongent  les  délais  et  ren-
               chérissent les projets, sans même garantir l’instruction rapide

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