Page 42 - L'immobilier au cœur - Alexandra François-Cuxac
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L’iMMObiLiEr  AU CœUr  ......................................................................................................

               •  Soit  elle  conduit  à  un  contentieux  devant  le  Tribunal  admi-
               nistratif,  lequel  est  déjà  engorgé  et  va  prendre  deux  ou  trois
               ans avant de rendre sa décision. Le jugement conduira le plus
               souvent au rejet de la demande et, parfois, à la condamnation
               du requérant à verser quelques milliers d’euros au promoteur
               pour le préjudice (pourtant autrement coûteux) que lui et ses
               prestataires auront subi. Certains avocats se sont même fait une
               spécialité de ces recours abusifs. ils en font commerce et publi-
               cité, sans que l’ordre des avocats n’y trouve rien à redire.
               Dans la plupart des cas, la contestation conduit en fait à l’arrêt
               du projet. Que dire ici de l’argent public et privé dépensé en
               vain ? De la signature publique bafouée ? Du propriétaire privé
               qui bien souvent a attendu un ou deux ans pour voir son projet
               annulé ? De la mise à mal de toute une filière et de ses emplois ?

               Ce droit au recours date du XIX  siècle, une période où l’acte
                                             e
               de  bâtir  n’était  pas  encore  très  encadré.  Le  fait  qu’il  subsiste
               sous cette forme de nos jours est sûrement un anachronisme
               que nous devons repenser. J’ai d’ailleurs mis en place depuis
               ma prise de fonction une commission de travail sur ce sujet au
               sein de la FPi, baptisée « commission sur la conduite citoyenne
               des  opérations »  pour  élaborer  des  propositions  concrètes  et
               des comparaisons avec les pratiques d’autres pays que le nôtre.

               Le manque  de  pragmatisme : la politique du logement
               est encore trop souvent  guidée par l’idéologie, comme le
               montrent les exemples de l’encadrement des loyers ou des
               chartes, qui sont des gestes politiciens plutôt que des leviers
               d’action publique. Or l’idéologie est mauvaise conseillère. Elle
               produit des effets pervers, mais notre système d’évaluation des
               politiques publiques est à ce point déficient que nous mettons
               des années avant de les identifier et de les quantifier. Ainsi, le
               déséquilibre dans la relation bailleur-locataire est clairement un
               facteur de dysfonctionnement du marché locatif, qui pousse des
               propriétaires à réclamer davantage de garanties aux locataires,
               les dissuade de réaliser des travaux ou les pousse à basculer
               leur bien dans la location saisonnière – au détriment, en bout de
               chaîne, de ceux qui ont déjà du mal à se loger.

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